Principes et techniques de la reconstruction
Une intervention chirurgicale pratiquée sur l’un des marqueurs de la féminité, sinon le principal, qu’est le sein, et tout particulièrement la mastectomie (ablation plus ou moins complète de la glande mammaire dans le sein), est une véritable mutilation pour une femme. Le constat est relativement lorsque la chirurgie initiale reste conservatrice (tumorectomie).
Aujourd’hui, et depuis de nombreuses années, la chirurgie réparatrice et esthétique permet de restaurer l’intégrité du sein, sachant que cette chirurgie peut être immédiate (avec des complications possibles lors de traitements par radiothérapie) ou différée.
Trois techniques existent préférentiellement – pose d’un implant, microchirurgie et lipomodelage – au sujet desquels on bénéficie à l’heure actuelle d’un recul satisfaisant : ces dernières doivent être, impérativement et sans tabou, discutées entre vous et le chirurgien, selon vos désirs, vos choix et objectifs, mis en regard des données médicales de votre dossier – antécédents, morphotype, histologie de la tumeur.
Une des techniques de reconstruction mammaire (pose d’implant) se déroule en 3 étapes : dans un premier temps, le chirurgien reconstruira le galbe du sein à partir des muscles pectoraux thoraciques, à l’aide de vos propres tissus (appelés « lambeaux »), puis en implantant une prothèse contenant du sérum physiologique ou du gel de silicone, et dans le même temps, il réalisera une légère opération sur l’autre sein afin de retrouver une certaine symétrie.
Enfin, trois mois environ après cette dernière opération, temps nécessaire à la cicatrisation, la reconstruction du mamelon et de l’aréole est effectuée sur le premier sein remodelé grâce soit à une technique de greffe de peau ou d’un tatouage 3D (NDLR : Voir « Le tatouage 3D de reconstruction post-mastectomie par Alexia Cassar »).
Chaque femme a une représentation personnelle, propre et intime, de sa poitrine, et donc par conséquent, de ce qu’elle attend de l’intervention. De nombreux chirurgiens plasticiens disposent de savoir-faire éprouvés en matière de chirurgie réparatrice après mastectomie (ou tumorectomie), aussi il est essentiel que vous choisissiez votre praticien(ne) avec grand soin. Il sera central que vous puissiez exprimer vos souhaits et vos attentes le plus précisément possible face à ce praticien. Il (ou elle) sera là pour vous conseiller et vous accompagner en fonction du type de mastectomie réalisée, de vos traitements post-opératoires, de l’état de votre peau et de vos muscles…
Comme évoqué précédemment, n’hésitez pas à en discuter franchement avec lui, voire à lui demander de vous montrer des photographies de reconstruction mammaire qu’il (ou elle) a déjà effectuées dans des situations similaires à la vôtre. Cela vous permettra d’avoir une idée précise de ce que seront vos seins après reconstruction. Toutefois, et comme dans toute intervention prothétique, vous devez garder à l’esprit qu’un sein reconstruit amoindrit considérablement les sensations tactiles au niveau du mamelon.
Commencer sa reconstruction mammaire, son suivi et sa rechute
Dans certains cas, une reconstruction mammaire immédiate pratiquée en même temps que l’ablation du sein peut être envisagée. Dans d’autres cas, un délai est nécessaire. Il faut savoir que le cancérologue et le chirurgien plasticien auront à travailler ensemble. Il faut aussi être conscient que la reconstruction mammaire se déroule en plusieurs étapes et qu’elle peut nécessiter parfois près d’un an pour être complète et satisfaisante. Il faut donc prévoir à chacune des étapes de la reconstruction mammaire quelques jours d’hospitalisation.
En fait, chaque femme vit à sa manière la maladie et suit son propre cheminement vers la guérison complète. La restauration de l’esthétique du corps est une étape importante dont la nécessité est en général ressentie par la patiente elle-même.
Certaines décident d’ailleurs de ne pas avoir recours à la reconstruction : l’association “Les Amazones” informe et soutient ces femmes qui ont choisi de vivre pleinement leur féminité mais en assumant leur nouvelle “asymétrie”.
La reconstruction mammaire ne peut absolument pas favoriser une rechute et n’a aucune incidence sur la maladie cancéreuse.
Elle ne compromet pas les chances de guérison, pas plus qu’elle ne gêne la surveillance ultérieure.
Les honoraires des chirurgiens plasticiens varient en fonction de la complexité des interventions, mais les frais d’une reconstruction mammaire après ablation du sein sont généralement pris en charge par la Sécurité Sociale.
Le tatouage 3D de reconstruction post mastectomie selon Alexia Cassar
La reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire (PAM) est l’ultime étape de la prise en charge du cancer du sein. En France cette prise en charge peut nécessiter de proposer aux patientes un tatouage médical de l’aréole afin d’en délimiter les contours et de finaliser son aspect. Bien souvent, ce geste est esthétiquement imparfait et nécessite des retouches itératives inévitables. Un concept innovant : le Tatouage 3D à visée de reconstruction (technique enseignée aux Etats-Unis). (voir plus)
Photos credit by : Patrick Fitan
Yann Féron
Graphisme photos by : Antonin Leroux